Qui n’a pas eu l’occasion d’entendre un jour cette interrogation de la part d’un proche, d’un ami ou d’une connaissance qui, tel un cri sourd et profond demandait conseil espérant trouver une réponse lui disant clairement s’il fallait reprendre contact avec ce proche en fin de vie, alors même qu’il n’y avait plus d’échanges depuis des lustres ?
Qui n’a pas entendu au moins une fois cet aveu concernant la décision prise suite à cette introspection obligatoire à un moment donné de son existence ?
Après la décision prise suite à la question « est-ce que j’ai envie de faire le premier pas en reprenant contact maintenant ? » les émotions vont s’enchaîner.
Que le choix de reprendre contact ait été fait ou pas, se poser la question peut être important car ne pas se poser la question peut conduire au fameux « ah, si j’avais su….« .
Chacun a son histoire, son chemin, en sachant que de toute évidence, chaque décision est propre à chaque individu. Vous dire de reprendre contact peut être salvateur pour certains tout comme ça peut être destructeur pour d’autres, mais cette décision mérite réflexion à un moment donné.
Il arrive parfois que des aveux, des excuses ou des explications aient lieu dans cette toute dernière ligne droite de la vie, tout comme il arrive que certaines personnes campent sur le point de vue et sur leurs choix laissant les survivants dans un flot de questions encore plus grand.
En tant que thanadoula j’ai pu être témoin de secrets partagés dans les derniers jours, un peu comme si la personne en fin de vie avait fait le choix de donner la dernière pièce du puzzle qui avait été cherchée partout. Était-ce une façon d’alléger son bagage pour le dernier voyage ? Peut -être, ou peut-être tout simplement un cadeau offert telle une perle qu’on découvre dans une huître qui décide de s’ouvrir spontanément.
Parfois la vie fait en sorte de nous éviter de devoir prendre une décision et elle nous porte là où on doit être, nous faisant nous retrouver presque nez à nez avec celui ou celle qu’on ne voulait pourtant pas voir. Libre à chacun de résister ou au contraire de se laisser porter.
« C’est impossible, dit la Fierté. C’est risqué, dit L’Expérience. C’est sans issue, dit la Raison. Essayons, murmure le Coeur » William Arthur Ward
Quoi qu’il en soit, en fonction de la fragilité de la santé de la personne en fin de vie, sachez qu’elle pourra échanger avec vous plus ou moins facilement, et que si vous décidez d’aller à sa rencontre dans les tous derniers instants, les échanges seront surtout non verbaux.
Si votre choix est de reprendre contact sur la toute dernière ligne droite, il n’y aura plus forcément de mots mais peut être des murmures, des soupirs, des prises de contact par la peau des mains, et souvent, des regards qui diront bien plus que des mots.
Si vous souhaitez des échanges avec des paroles, et sous réserve que la personne face à vous le veuille également, gardez en mémoire que les derniers jours sollicitent généralement une très grande énergie chez le malade ou la personne en fin de vie et qu’elle n’aura pas forcément la capacité de parler.
Ce n’est pas contre vous, c’est tout simplement physiologique.
On ne demande pas à une future mère de nous raconter 1001 choses alors que la naissance est imminente et qu’elle va donner la vie. Une personne mourante passe également par des processus physiologiques qu’elle ne peut pas contrôler alors même qu’elle va vers sa propre mort.
Si vous connaissez quelqu’un qui pourrait avoir à se poser la question, ou, si vous même vous pensez devoir vous la poser un jour, prenez le temps d’y réfléchir avant qu’il ne soit trop tard car, passé un certain moment c’est le corps qui mène la danse, et non plus le cerveau.
Peu importe la décision qui sera prise, au moins la question aura été posée.
Au plaisir d’échanger avec vous,
Armelle
Tellement vrai
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Très joli texte et réflexions intéressantes et importantes. J’adore la citation que je ne connaissais pas…
Merci !
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