Hypersensibilité et deuil(s)

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hypersensibilite et deuilInsensibilité : Dire que tout va bien quand vous savez que ce n’est pas le cas, un peu comme si vous répondiez  à quelqu’un qui vous demande si vous avez rencontré la pluie, que pas du tout, alors même que vous êtes trempé de la tête aux pieds.

« En fuyant la pluie, on rencontre la grêle » Proverbe turc


Hypersensibilité
: Vous savez qu’il va pleuvoir avant même de voir le ciel, car vous sentez cette dépression que d’autres voient au niveau du baromètre, vous avez des douleurs dans votre corps, voire même un mal de tête qui s’installe quand une tempête se prépare… les gens vous prennent pour quelqu’un de « bizarre ». 

Autre exemple ? Vous avez peut être déjà senti une odeur de gaz en rentrant dans une pièce, au point de vous inquiéter et de chercher une fuite, ou, si vous n’êtes pas chez vous, au point de demander à la personne chez qui vous êtes si elle sent quelque chose et de l’inciter à chercher ? Inquiet, surpris, perturbé vous allez tout faire pour comprendre d’où vient cette odeur, au risque de ne pas accepter de rester tranquillement assis sur le canapé alors même que votre esprit est inquiet car il a senti que quelque chose n’était pas normal.  Là où une personne « normale » va sentir une fuite de gaz (et heureusement), la personne hypersensible va remarquer très rapidement une odeur inhabituelle même si l’arrivée de gaz est restée ouverte que quelques secondes de trop, par inattention, avant d’allumer la flamme.

La personne hypersensible va être chamboulée par les odeurs, agréables ou désagréables (on ne choisit pas), par les bruits mais également par tout ce qui est inhabituel, par des émotions non dites, cachées ou même minimisées.

En rentrant dans une pièce, si quelqu’un est triste, la personne hypersensible va le sentir, un peu comme si les pores de sa peau respiraient et sentaient cette variation, alors imaginez quand on parle de deuil.

Pas besoin de parler de mort au sens propre car celui qui est hypersensible sentira tout type de tristesse, celle de la perte d’un être cher bien sûr, celle qui vient quand certaines personnes comprennent qu’elles ne pourront pas avoir ce bébé tant désiré, celle qui fait suite à la « mort » d’une situation, à la fin d’un rêve, d’une vie attendue, d’un projet qui ne pourra plus voir le jour…

Il existe des fins heureuses et des fins plus tristes, et pour chacune d’entre elles, la personne hypersensible peut sentir qu’il  y a « quelque chose » qui se passe, sans pour autant savoir le définir.

Cette sensibilité concerne des adultes qui apprennent à vivre avec au quotidien, mais bien entendu, beaucoup d’enfants sont dans cette boucle, d’autant plus délicate et fragile qu’ils découvrent la vie, les plaisirs, les frustrations, les tristesses, la mort et les deuils.

Dire à un enfant que tout va bien alors qu’il perçoit l’inverse ne lui permet pas de valider ses émotions et ce qu’il sent. S’il a le sentiment que vous êtes triste et s’il vous interroge, osez lui dire que oui  pour telle et telle raison, sans le culpabiliser, mais en validant son ressenti. 

« Dire à un enfant que tout va bien quand vous savez pertinemment que ça ne va pas, c’est un peu comme chercher à lui faire croire que l’eau qu’il touche est agréable alors qu’elle est congelée ou bouillante… » Xochitl


Quand un enfant, un jeune ou parfois un adulte vous demande comment va la personne qui est malade, qui est en fin de vie, ou qui est mourante, osez lui dire qu’effectivement elle ne va pas bien mais que vous ne savez pas ce qu’il en sera pour la suite. Ce n’est pas forcément à vous d’annoncer des nouvelles que vous pouvez trouver dures, mais dire que tout va bien alors que ce n’est pas le cas revient à dire que ça ne sent pas le gaz dans une pièce où il y a bien une fuite avérée.

Il arrive que des parents préfèrent taire le décès d’un grand-parent ou d’un membre de la famille pour préserver leur propres enfants, en se disant que de toute façon ils sont trop jeunes pour comprendre, sauf que ce qui va se jouer ne concerne pas uniquement la « perte » de cette personne mais l’arrivée d’émotions parfois nouvelles, des larmes, des soupirs, des regards différents le temps de quelques heures, de quelques jours et pour certains de quelques semaines ou mois.

Un enfant en bas âge peut manger des purées de légumes à la vapeur préparées ou achetées en petits pots (je ne juge pas du tout, note d’humour), et à côté, il va grandir en sentant des odeurs de cuisine préparées par et pour les adultes. Cet enfant va se créer une éducation olfactive grâce aux des papilles gustatives titillées par les odeurs qui caressent le nez, car il est maitre en la matière d’éducation gustative.

Pour les deuils c’est la même chose, si l’on autorise les émotions et les sentiments et si on leur donne la place nécessaire elle permet aux personnes hypersensibles adultes, tout comme aux enfants et aux jeunes en général, de découvrir et de savoir ce qui se passe vraiment. 

Armelle, une hypersensible assumée

Adolescence, deuil et scolarité

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adolescence et deuilChacun de nous a une approche concernant la scolarité qui lui est propre et qui se respecte. Scolarité classique, scolarité adaptée, IEF (instruction en famille). Nous faisons des choix concernant l’éducation que nous voulons proposer à nos enfants, depuis leur plus jeune âge et jusqu’au début de leur vie professionnelle, que celle-ci ait lieu à la maison ou dans des structures.

Tout est enseignement. 

Si nous voulons accompagner nos enfants dans l’apprentissage de la vie, tout se prête à l’échange et à la construction de leur personne, de leur caractère, de leur force et peut être même, sans que nous le sachions, de leurs faiblesses. De la préparation d’un plat, d’un gâteau, au fait de voir pousser une plante, de l’arrivée des premières goutes de pluie, à leur transformation pour passer de l’état liquide à l’état solide… tout est enseignement, et tout devrait être respecté comme tel.

Ne devrait-on pas laisser le temps nécessaire pour que chaque expérience puisse infuser son parfum au plus profond de nous ? … tout comme nous le faisons quand nous allons savourer un thé au coin d’une cheminée, devant une fenêtre, au travail, ou même dehors, avec le vent frais qui fait valser nos idées du moment.

Je vous parle de thé, d’infusions, d’éducation et d’apprentissage alors que les sujets de ce site et de ce blog sont autour des accompagnements que je propose, étrange non ?

Et bien voyez-vous, je suis certes une thanadoula (accompagnante de fin de vie et des deuils), mais également une maman de trois jeunes « extra-ordinaires » comme j’aime à les nommer. Ils ont leurs expériences et leurs histoires bien à eux, comme bien d’autres jeunes, mais voilà, je trouve que le monde attend bien des choses d’eux comme de tous les jeunes qui vivent des deuils à une période si  « sensible » de leur vie.

A mes yeux, tout est enseignement. La vie est enseignement. La mort aussi est enseignement.

Il y a quelques jours à peine, en naviguant dans le grand océan qu’est internet, j’ai trouvé un site fort intéressant https://lavielamortonenparle.fr/profil/parent-deleves qui dit que : 

« les jeunes de 12 ans et plus sont en situation de double deuil : le deuil de l’enfance et le deuil d’un être cher ou celui de son existence future si l’adolescent est en fin de vie. Il leur est difficile de consacrer de l’énergie psychique au travail de deuil car ils dépensent déjà cette énergie dans leur travail de deuil de l’enfance pour se construire en tant qu’adulte ».


Le voir marqué noir sur blanc, avec des ressources à destination entre autres des professionnels de l’éducation, m’a donné envie de le partager à la planète entière.

Pour l’avoir vu ces derniers temps, même peu de temps après des obsèques on demande à un jeune de se reprendre et d’avancer.
Certains enseignants bienveillants acceptent que certains jeunes flanchent une fois, mais pas forcément deux. Certains acceptent de ne pas compter une note « inhabituelle » mais pas plus… Il est « acceptable » ou possible que les jeunes ne soient pas bien pour la première évaluation juste après les obsèques d’un proche, mais des problèmes de concentration, de motivation et de mauvais résultats ne seront pas forcément recevables à la longue.

Dernièrement suite à un échange que nous avons eu avec mon fils, je me suis vue écrire à une de ses enseignantes pour lui dire qu’il avait été absent plusieurs jours pour cause d’obsèques, et pour lui dire qu’à mes yeux, faire une évaluation qui parle d’audios étudiés en classe n’était pas le plus simple pour lui, suite à ses absences, ce qui expliquait vraisemblablement la note (catastrophique) qu’il venait d’avoir. Dans mon courrier je demandais (juste) s’il lui était possible de faire un autre exercice pour compenser cette note qui lui plombait sa moyenne, et devinez quoi ? et bien rien …! Je n’ai eu aucune réponse à mon courrier, si ce n’est le silence absolu à mon égard, et, une remarque en classe à destination de mon fils, prouvant que le courrier avait bien été lu : « et on se permet de demander de l’aide« . Je n’ai pas repris ma plume. J’ai expliqué à mon fils que si pour lui c’était ok, sa note ne me posait pas de problème, et que la réaction de cette enseignante était malheureusement le reflet du manque d’empathie que peuvent avoir beaucoup de personnes.

Certains ne prennent pas en compte la tristesse qui touche les jeunes une fois que le proche est décédé, alors, imaginez lorsque ceux-ci sont inquiets par la mort imminente d’une personne chère à leur coeur. C’est encore moins facile à accepter.

Aujourd’hui, les choses sont encore plus compliquées qu’il y a 4 ou 5 ans, car nous avons tendance à demander aux jeunes de rester concentrés sur leurs études et sur leurs notes, car il faut de bons résultats pour charmer les doux algorithmes de Parcoursup car lui, n’a pas besoin de se soucier de ces variations spécifiques propres à l’histoire de chacun et à ce qui fait de nous des humains et pas des machines…

Et pourtant, un deuil ne se gère pas en un temps donné pour qu’il puisse correspondre à la durée d’un arrêt de travail.

Pour les adultes, un décès annonce une période difficile de la vie liée à un vide, les jeunes gèrent bien plus qu’un décès. Le décès d’un parent, d’un grand-parent, d’un frère ou d’une sœur vient ébranler un équilibre des plus fragiles au moment de l’adolescence, tout comme il peut également être très problématique dans les périodes de la jeune enfance. Pour nos jeunes « il leur est difficile de consacrer de l’énergie psychique au travail de deuil car ils dépensent déjà cette énergie dans leur travail de deuil de l’enfance pour se construire en tant qu’adulte« .

Qui n’a pas fait réciter à son enfant les mots si justes de Jean de la Fontaine « rien de sert de courir, il faut partir à point » ?

Dire à son enfant qu’il a le droit de prendre le temps pour avancer et pour se sentir mieux est un cadeau et une preuve de respect, car c’est une invitation à se connecter à leur propres émotions et à identifier leurs propres besoins. En tant qu’adultes, chacun devrait s’autoriser ces mêmes introspections.

Après un décès, un jeune qui a du mal à rester concentré et dont les notes chutent sera autant à surveiller que celui qui se plonge dans les cours et dont les résultats sont brillants, car autant l’un que l’autre peuvent être la résultante d’une tristesse non avouée et d’une perte de repères dans un monde complexe à leurs yeux.

Savoir qu’il peut y avoir des aides extérieures, comprendre qu’il faudra du temps pour avancer, et que chacun a ses propres solutions sont des informations précieuses à transmettre qui peuvent ensuite permettre d’avancer sur de bonnes bases.

Pour conclure, je vous partage une citation qui à mes yeux traduit plutôt bien les enjeux qui se jouent à cet âge si spécial de la vie, mais qui est valable pour tout le reste de notre histoire, même en tant que « grands adultes ».

« Celui qui a peur de la mort ne peut pas profiter de la vie » Djamel Fadel


Si vous avez des jeunes autour de vous touchés par le deuil, osez leur tendre la main, vous pourriez être surpris.
Au plaisir d’échanger avec vous, 

Armelle

(lien du site qui propose du contenu intéressant pour accompagner les jeunes : https://lavielamortonenparle.fr)