Caresse auditive

approche, blog

Alors que je commence à écrire, je me demande encore la photo que je vais choisir pour accompagner cet article, d’autant plus que le contenu a pour but de vous parler de caresse auditive.

Un enregistrement audio serait pertinent, certes, car même si c’est personnel, ça peut aussi être attendrissant… mais le son de mes enfants qui disent leur premières phrases n’aura de toute évidence pas la même mélodie pour vous, que pour moi.

Ces enregistrements audios sont des souvenirs que je savoure, telles des perles de miel gorgées de soleil, qui glissent tout le long de mon être, et que je vous souhaite de pouvoir savourer de votre côté.

La photo que j’ai finalement mise en avant laisse deviner le son des vagues de l’océan, caresse auditive présente jour après jour, que l’on peut retrouver en nous déplaçant face à l’océan, ou par magie, que l’on peut entendre en collant notre oreille à une conque.

“La parole qui vous échappe ne peut être rattrapée.”  Horace
 


Et vous ? Avez-vous souhaité à un moment donné, de pouvoir fermer les yeux pour revenir le temps d’un instant, à ce fameux « Avant », à ce moment là où, il n’était pas encore question de souvenirs, mais à ce moment où la personne chère à votre coeur était encore en vie et présente à vos côtés.

L’autre jour, en échangeant avec une amie, je lui ai murmuré de prendre le temps de faire quelques enregistrements par-ci et par-là, car plus tard, un jour, ils seraient le lien qui raccroche un souvenir à un être familier.

Vous voulez une confidence ? Il m’est arrivé à plus d’une reprise de laisser sonner le téléphone chez mes parents, jusqu’à avoir ce fameux répondeur qui avant, était juste un répondeur banal, et qui, après leur décès, était devenu quasiment du jour au lendemain, le lien subtil et délicat entre leur absence définitive, et le souvenir sonore de leur présence.

Il m’ est arrivé de le faire, presque comme pour me rassurer que tout irait bien dans le chemin du deuil qui s’ouvrait devant moi, et, à ma grande surprise, en échangeant autour de moi, j’ai découvert que je n’étais pas la seule, et que d’autres personnes l’avaient également fait. Sans le savoir, au final nous avons été plusieurs à savourer cette caresse sonore qui apaise et qui rassure.

Un jour, en discutant avec une personne de mon village, je lui ai demandé si elle avait des enregistrements de son papa, décédé quelques mois plus tôt. J’ai eu la sensation que son regard s’est déplacé en une fraction de secondes, de pièce en pièce de la maison, et de souvenirs en souvenirs jusqu’à prendre conscience qu’aucun enregistrement n’avait été fait de son vivant. Avec beaucoup de tact et de pudeur, je lui ai demandé si ça lui aurait fait du bien d’en avoir et, les larmes aux yeux, elle m’a avoué que oui, que ça aurait été un baume au coeur appréciable. Alors, je lui ai confié qu’avec son papa on avait beaucoup échangé, que je l’avais enregistré avec son accord, et j’ai proposé de lui partager tous les enregistrements que j’avais pu faire, tout comme toutes les photos que j’avais prises.

Je vous laisse imaginer son regard, le jour où je lui ai donné un cd avec ces petites perles.

“Un beau visage est le plus beau de tous les spectacles ; et l’harmonie la plus douce est le son de voix de celle que l’on aime.” Jean de La Bruyère

Quand je fais un accompagnement en tant que Thanadoula, et après accord de la famille ou de la personne concernée, je fais en sorte de prendre des photos discrètes, douces et pudiques, car elles restent et permettent (bien plus qu’on ne l’imagine) de faire son deuil et de prendre conscience du chemin parcouru.

En général, je ne donne jamais « à chaud » les photos qui ont été prises, ni les enregistrements. Les familles savent si j’ai fait des photos, ou des enregistrements, tout comme elles savent que je peux les leur partager si elles le souhaitent, quand elles le souhaitent.

« Enregistrer des instants qui restent ensuite en suspension dans la mémoire, tels de petits lampions allumés à la tombée de la nuit, dans le jardin des souvenirs » Xochitl

C’est ainsi que, quand cela est validé, il m’arrive d’enregistrer des instants qui restent ensuite en suspension dans la mémoire, tels de petits lampions allumés à la tombée de la nuit, dans le jardin des souvenirs.

Si vous en ressentez l’envie, prenez des photos, faites des enregistrements, filmez vos petits, tout comme vos ainés, car autant on aime voir le temps qui passe quand les enfants grandissent, autant on aime suspendre le temps, pour pouvoir savourer un instant qui n’est plus.

Au plaisir d’échanger avec vous, 

Armelle

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