Certaines personnes disent avoir peur de la mort mais peut-être que leur peur première est celle de ne plus vivre, de ne plus être, de devoir tout laisser et de ne plus revoir les personnes qu’elles aiment.
« Celui qui a peur de la mort ne peut pas apprécier le plaisir de la vie » Djamel Fadel
D’autres personnes peuvent avoir peur face à quelque chose qu’elles ne connaissent pas, ce qui est légitime, car qui que l’on soit on perd pied, on ne sait pas, et surtout dans ce genre d’évènements on n’a pas des repères précis transmis par quelqu’un que l’on connaît bien et à qui l’on peut faire confiance. On peut lire des choses, certes, entendre des partages d’expériences mais le doute persiste toujours, car rien n’est officiel et vérifié, ce qui peut expliquer cette peur.
En tant qu’accompagnante des personnes en fin de vie, je rencontre des personnes qui continuent de vivre, même si elles ont peur de mourir, elles gèrent leurs craintes et savourent la vie qu’il leur reste à vivre.
D’autres au contraire, celles qui ont une peur tellement grande de la mort, permettent que la peur prenne le dessus sur leur propre vie, au point de la voir presque figée, sans la consistance pourtant nécessaire à la nourrir. Par peur de la mort, certaines personnes peuvent se renfermer sur elles mêmes physiquement, émotionnellement ou psychiquement au point de mourir à petit feu, sans pour autant s’en rendre compte.
En fermant les yeux j’ai ce souvenir qui me revient lorsque par peur de tomber malade et de mourir à cause d’un « méchant virus », elle a mis une distance physique avec tout son entourage. Il fallait le moins possible de contacts physiques, pas de câlins, et encore moins des bises. Elle avait peur de tomber malade et peut être de mourir, alors même qu’elle avait un cancer généralisé et que tout le monde savait son temps compté.
Ses demandes ont été respectées et une « distance de sécurité physique » a été mise en place, distance qui n’aura au final pas permis à ceux qui l’auraient voulu de partager les preuves d’amour qu’ils auraient voulu lui transmettre avant son décès.
Cette distance était devenue une normalité, sa normalité, mais pas celle de ceux qui sont restés en vie une fois qu’elle est décédée, donnant ainsi une sensation d’inachevé à ces adieux peut être accélérés par manque de chaleur humaine.
Les peurs de mourir se présentent de différentes façons et en toute logique, elles sont extériorisées de plusieurs façons, le challenge étant, en tant que thanadoula, de permettre à l’entourage d’oser partager ses propres besoins, surtout quand on sait que le temps ne joue pas en leur faveur.
J’ai eu la chance d’obtenir des visites de 1 heure par jour dans la chambre d’hôpital, l’occasion d’ouvrir la fenêtre pour permettre au reste de la famille de profiter de cet échange à distance pour partager l’affection et l’amour familial une dernière fois, même a distance.
(Photo prise moins de 5 jours avant son décès lors de ce qui allait être le dernier échange conscient avec ses grands et ses petits).
Au plaisir d’échanger avec vous,
Armelle