Accompagner un jeune adolescent à gérer le deuil suite au décès d'un proche

Adolescence, deuil et scolarité

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Accompagner un jeune adolescent à gérer le deuil suite au décès d'un proche

Chacun de nous a une approche concernant la scolarité qui lui est propre et qui se respecte. Scolarité classique, scolarité adaptée, IEF (instruction en famille). Nous faisons des choix concernant l’éducation que nous voulons proposer à nos enfants, depuis leur plus jeune âge et jusqu’au début de leur vie professionnelle, que celle-ci ait lieu à la maison ou dans des structures. 

Tout est enseignement. 

Si nous voulons accompagner nos enfants dans l’apprentissage de la vie, tout se prête à l’échange et à la construction de leur personne, de leur caractère, de leur force et peut être même, sans que nous le sachions, de leurs faiblesses. De la préparation d’un plat, d’un gâteau, au fait de voir pousser une plante, de l’arrivée des premières goutes de pluie, à leur transformation pour passer de l’état liquide à l’état solide… tout est enseignement, et tout devrait être respecté comme tel.

Ne devrait-on pas laisser le temps nécessaire pour que chaque expérience puisse infuser au plus profond de nous ? tout comme nous le faisons quand nous allons savourer un thé au coin d’une cheminée, devant une fenêtre, au travail, ou même dehors, avec le vent frais qui fait valser nos idées du moment.

Je vous parle de thé, d’infusions, d’éducation et d’apprentissage alors que les sujets de ce site et de ce blog sont autour des accompagnements que je propose, étrange non ?

Et bien voyez-vous, je suis certes une thanadoula (accompagnante de fin de vie et des deuils), mais également une maman de trois jeunes « extra-ordinaires » comme j’aime à les nommer. Ils ont leurs expériences et leurs histoires bien à eux, comme bien d’autres jeunes, mais voilà, je trouve que le monde attend bien des choses d’eux comme de tous les jeunes qui vivent des deuils à une période si  « sensible » de leur vie.

A mes yeux, tout est enseignement. La vie est enseignement. La mort aussi est enseignement.

Il y a quelques jours à peine, en naviguant dans le grand océan qu’est internet, j’ai trouvé un site fort intéressant https://lavielamortonenparle.fr/profil/parent-deleves qui dit que : 

« les jeunes de 12 ans et plus sont en situation de double deuil : le deuil de l’enfance et le deuil d’un être cher ou celui de son existence future si l’adolescent est en fin de vie. Il leur est difficile de consacrer de l’énergie psychique au travail de deuil car ils dépensent déjà cette énergie dans leur travail de deuil de l’enfance pour se construire en tant qu’adulte ».


Le voir marqué noir sur blanc, avec des ressources à destination entre autres des professionnels de l’éducation, m’a donné envie de le partager à la planète entière.

Pour l’avoir vu ces derniers temps, même peu de temps après des obsèques, on demande à un jeune de se reprendre et d’avancer. Certains enseignants bienveillants acceptent que certains jeunes flanchent une fois, mais pas forcément deux. Certains professeurs acceptent de ne pas compter une note « inhabituelle » mais pas plus… Il est « acceptable » ou possible que les jeunes ne soient pas bien pour la première évaluation juste après les obsèques d’un proche, mais des problèmes de concentration, de motivation et de mauvais résultats ne seront pas forcément « recevables » à la longue.

Dernièrement, suite à un échange que nous avons eu avec mon fils, je me suis vue écrire à une de ses enseignantes pour lui dire qu’il avait été absent plusieurs jours pour cause d’obsèques, et pour lui dire qu’à mes yeux, faire une évaluation qui parle d’audios étudiés en classe n’était pas le plus simple pour lui car il avait été absent, ce qui expliquait vraisemblablement la note (catastrophique) qu’il venait d’avoir. Dans mon courrier je demandais (juste) s’il lui était possible de faire un autre exercice pour compenser cette note qui lui plombait sa moyenne, et devinez quoi ? et bien rien …! Je n’ai eu aucune réponse à mon courrier, si ce n’est le silence absolu, et, une remarque en classe à destination de mon fils, prouvant que le courrier avait bien été lu : « et on se permet de demander de l’aide« . Je n’ai pas repris ma plume. J’ai expliqué à mon fils que si pour lui c’était ok, sa note ne me posait pas de problème, et que la réaction de cette enseignante était malheureusement le reflet du manque d’empathie que peuvent avoir beaucoup de personnes.

Certains ne prennent pas en compte la tristesse qui touche les jeunes une fois que le proche est décédé, alors, imaginez lorsque ceux-ci sont inquiets par la mort imminente d’une personne chère à leur coeur. C’est encore moins facile à accepter.

Aujourd’hui, les choses sont encore plus compliquées qu’il y a 4 ou 5 ans, car nous avons tendance à demander aux jeunes de rester concentrés sur leurs études et sur leurs notes, car il faut de bons résultats pour charmer les doux algorithmes de Parcoursup car lui, n’a pas besoin de se soucier de ces variations spécifiques propres à l’histoire de chacun et à ce qui fait de nous des humains et pas des machines…

“On gagne plus à avoir aimé qu’à avoir compris” Jean Rostand


Pour les adultes, un décès annonce une période difficile de la vie liée à un vide, les jeunes gèrent bien plus qu’un décès. Le décès d’un parent, d’un grand-parent, d’un frère ou d’une sœur vient ébranler un équilibre des plus fragiles au moment de l’adolescence, tout comme il peut également être très problématique dans les périodes de la jeune enfance. Pour nos jeunes « il leur est difficile de consacrer de l’énergie psychique au travail de deuil car ils dépensent déjà cette énergie dans leur travail de deuil de l’enfance pour se construire en tant qu’adulte« .

Qui n’a pas fait réciter à son enfant les mots si justes de Jean de la Fontaine « rien de sert de courir, il faut partir à point » ?

Dire à son enfant qu’il a le droit de prendre le temps pour avancer et pour se sentir mieux est une preuve de respect, car c’est une invitation à se connecter à ses propres émotions et à identifier ses propres besoins. En tant qu’adultes, chacun devrait s’autoriser ce temps d’introspections.

Le deuil ne se gère pas en un temps donné pour qu’il puisse correspondre à la durée d’un arrêt de travail.

Après un décès, un jeune qui a du mal à rester concentré et dont les notes chutent sera autant à surveiller que celui qui se plonge totalement dans les cours, et dont les résultats sont brillants, car autant l’un que l’autre peuvent cacher une tristesse non avouée et une perte de repères dans un monde complexe à leurs yeux.

Savoir qu’il peut y avoir des aides extérieures, comprendre qu’il faudra du temps pour avancer, et que chacun a ses propres solutions sont des informations précieuses à transmettre qui peuvent ensuite permettre d’avancer sur de bonnes bases.

Pour conclure, je vous partage une citation qui à mes yeux traduit plutôt bien les enjeux qui se jouent à cet âge si spécial de la vie, mais qui est valable pour tout le reste de notre histoire, même en tant que « grands adultes ».

« Celui qui a peur de la mort ne peut pas profiter de la vie » Djamel Fadel


Si vous avez des jeunes autour de vous touchés par le deuil, osez leur tendre la main, vous pourriez être surpris de leur réaction.

Au plaisir d’échanger avec vous, 

Armelle

(lien du site qui propose du contenu intéressant pour accompagner les jeunes : https://lavielamortonenparle.fr)

Thanadoula mais pas que

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doula de fin de vieAujourd’hui j’ai envie de vous en dire un peu plus me concernant car, même si jusqu’à présent je vous ai parlé de mon activité d’accompagnante de la fin de vie et du deuil (cf thanadoula), j’avoue que ce n’est pas la seule chose qui me permet d’accompagner les gens.

Depuis petite j’ai entendu les gens me dire que mon « problème » c’était mon hyper sensibilité et donc, mon hyper émotivité.

Pour moi, ce côté « hyper » fait aujourd’hui ma force, car pour moi c’est une richesse qui me permet de sentir des « choses » parfois subtiles, et d’accompagner les gens autrement, avec tout plein de « petites plumes » qui permettent l’envol de ceux qui le souhaitent.

Cet envol peut être celui qui a lieu après la mort, c’est vrai, mais il existe à mes yeux d’autres types d’envols, tous aussi puissants et tout aussi importants, comme l’envol d’un petit oisillon quand il est prêt à faire ses premiers battements d’ailes, comme ce moment où un jeune gagne en autonomie ou encore celui où l’on dépasse un stade de souffrance physique.

Imaginez un tout petit qui ne parle pas encore et qui ne peut donc pas verbaliser une douleur physique…

Imaginez des parents dont l’enfant a des angoisses profondes qui ne lui permettent pas d’avancer, et dont on n’arrive pas à identifier l’origine de la souffrance…

Imaginez une personne qui a des séances de radiothérapies et dont les sensations de brûlures sont à la limite du supportable….

Ces exemples sont les premiers qui me viennent, ils concernent quelques unes des personnes que j’ai pu accompagner jusqu’ici et qui, en me donnant leur confiance, m’ont permis d’avoir accès à certaines informations « partagées » avec moi par leur corps.

Je sais, ça peut sembler étrange à lire, mais j’ai grandi avec ça, depuis plus de 20 ans je l’accueille pleinement, et depuis peu, je suis prête à vous le partager, en toute humilité.

Je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit, je vous fait juste un partage.

« L’empathie est une qualité d’écoute et de présence à l’autre, à ses sentiments et à ses besoins. » Marshall Rosemberg


L’empathie me permet de sentir bien des choses partagées par les corps des personnes avec qui je suis, côte à côte ou à distance, j’arrive à sentir en moi un ensemble d’informations, et ensuite, les choses se font d’une façon fluide.

J’ai pu échanger avec le petit bonhomme dont je vous ai parlé un peu plus haut, grâce à des « images » qui me sont venues, et à des informations de l’ordre du subtil. La communication verbale n’était pas possible car il n’avait pas encore un an et qu’il était donc bien trop jeune pour parler. Pourtant, un peu comme s’il avait ouvert un livre devant moi, il a accepté de me partager des d’informations que j’ai transmises en direct à ses parents et qui apparemment, étaient très claires à leurs yeux. Ils ont compris beaucoup de choses qui expliquaient la situation présente et que je n’aurais pas pu deviner. En fin de séance, une douleur particulièrement grande s’est posée sur mon bassin et après vérification de son petit bassin (en le tenant debout avec mes deux mains et en lui faisant faire quelques petits pas) nous avons vu que son bassin était vraiment décalé et qu’il dandinait tel un petit canard. Un rendez-vous a été pris chez un ostéopathe qui a pris en charge la suite.

spiralePour ce qui est de l’enfant dont les angoisses étaient importantes, pour notre rencontre, il ne voulait pas que je le touche, mais en revanche, il était d’accord pour que je rentre en contact avec lui par le biais de sa maman, en posant mes mains sur elle, ce que j’ai fait. Très rapidement, un sentiment de peur de l’abandon s’est présenté à moi et, quand tout en douceur je lui ai demandé s’il lui arrivait d’avoir peur que sa maman ne revienne pas, il a immédiatement fondu en larmes, il a pris sa maman dans ses bras et il lui a dit que oui, que c’était sa crainte matin après matin. Une fois ses besoins identifiés, la maman a fait le nécessaire pour accompagner son enfant. 

Concernant la radiothérapie, c’était un accompagnement où je devais réduire la sensation de feu suite aux rayons car j’ai la chance de pouvoir soulager ce type de douleurs par imposition des mains. C’est quelque chose qui se fait en douceur, en enlevant la chaleur accumulée sur le lieu d’exposition. Ce qui est encourageant à mes yeux, c’est le fait de savoir que parfois, et de plus en plus d’ailleurs, le corps médical lui même conseille aux personnes en radiothérapie de chercher un barreur de feu pour les aider.

C’est d’ailleurs comme ça que j’ai commencé ce type d’accompagnements, avec la demande de celle qui m’aura donnée (comme j’aime à dire) un sacré coup de pied au cul (désolé pour l’expression).

Je me souviens qu’un jour elle m’a téléphonée en me disant « Armelle, je sais que tu peux le faire, alors s’il te plait, aide moi…. ». L’hôpital Haut Lévêque de Bordeaux lui avait conseillé de trouver quelqu’un pour lui enlever son zona car, en plein traitement de sa leucémie elle ne pouvait pas avoir les médicaments qui sont donnés en temps normal.

Elle m’a fait confiance, je lui ai fait confiance et un lien unique et indescriptible s’est mis en place avec elle à partir de ce jour-là, jusqu’à son dernier jour ici sur terre, lien qui est d’ailleurs encore présent aujourd’hui mais d’une toute autre façon.

Si j’ai cheminé jusqu’ici et si je vous écris aujourd’hui pour me présenter « officiellement », c’est entre autres grâce à elle, alors, comme une évidence je lui dédie ce message.

Merci « Momo »,

Armelle