Toujours une « petite » place

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date anniversaire souvenir d'un défuntIl est des personnes qui gardent précieusement certaines dates dans leur coeur, parfois en silence, sans rien dire au reste du monde, un peu comme s’ils avaient peur d’avouer que oui, encore, cette date rappelle une absence qui est marquée, voire presque ancrée dans leur vie. Ils n’osent pas en parler, ils pensent être les seuls à s’en souvenir et à vivre ça, sans jamais vraiment oser tendre une perche qui pourtant pourrait être salvatrice, car qui sait, peut être que d’autres vivent la même chose, en silence, sans jamais oser l’avouer.

Il en est d’autres qui partagent des dates souvenirs avec pudeur, distillées au compte goutte, histoire de se protéger car qui sait, peut être qu’elles ont peur de s’entendre dire la phrase assassine mais bien réelle qui, telle une piqûre de serpent les fait trembler de l’intérieur lorsque se forme la phrase « vraiment ?  tu y penses encore ? mais pourtant ça fait des années maintenant,…. tu peux passer à autre chose, non ?« 

Il y a ces personnes qui assument et qui parlent des dates importantes, mais uniquement dans un cercle très proche, comme pour maintenir un souvenir,  un peu comme des gardiens de la mémoire qu’ils ont peur de se voir déliter au fil du temps.

Et puis, il y a ces personnes qui osent souhaiter un bon anniversaire même s’il s’agit d’un défunt, et qui font que d’un seul coup, tel un feu d’artifice dans un coeur silencieux, commencent à pétiller de joie les souvenirs.

« Les morts ne sont vraiment morts que lorsque les vivants les ont oubliés » proverbe malgache


Quelle douce caresse à l’âme que de savoir que quelqu’un d’extérieur pense à l’anniversaire d’un de ses défunts, que ce soit celui de son père, de sa mère, de sa moitié, de son enfant ou de son bébé né sans vie. Savoir qu’ils ont encore une place dans un « calendrier » autre que le nôtre leur donne une place et une existence.

Lors de ma formation pour devenir doula, j’ai fait le choix de consacrer mes travaux de fin d’études autour du deuil périnatal avec comme sujet « le grand silence du deuil périnatal » car oui, c’est un sujet dont peu de gens parlent.

Quand il s’agit du deuil de quelqu’un qui a vécu un temps certain ou un certain temps, il est possible de partager des souvenirs communs et de se souvenir d’un anniversaire, d’une date de décès ou d’une autre date importante à nos yeux, et oser le faire naturellement peut être un beau cadeau pour celui qui le reçoit.

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants » Jean D’Ormesson


Dans le cadre d’un deuil périnatal, on peut se sentir moins à l’aise dans les échanges, par peur de laisser sortir des mots qui peuvent devenir maladroits même si au départ ils se voulaient rassurants, alors, que faire ?  RIEN.

Si vous voulez accompagner une personne dans le cadre d’un deuil périnatal vous n’avez rien à faire de spécial que de l’écouter, tout simplement, et de lui donner la possibilité en tant que maman, que papa, que frère ou que sœur de partager le souvenir de la date si importante à ses yeux. La date de sa « perte », celle d’une intervention, celle des obsèques, celle de la date présumée de naissance, celle de sa naissance… La date importante à ses yeux a un sens bien plus grand qu’on ne peut l’imaginer de l’extérieur, et si vous gardez cette date en tête et qu’un jour vous avez l’élan de lui montrer que vous y pensez encore, sans le savoir, vous serez peut être en train de lui offrir un très beau feu d’artifice dans son coeur.

Au plaisir d’échanger avec vous, et surtout, osez être naturels quand c’est le coeur qui vous guide. 

Armelle