Une annonce, des histoires

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Avancer avec une thanadoulaEn prenant cette photo j’ai eu envie de vous partager mon point de vue concernant L’Annonce, ou plus précisément les annonces, car il n’y a pas qu’un seul type d’annonce.

Il existe tout type d’annonces, comme par exemple l’annonce d’un départ, l’annonce d’un divorce, l’annonce d’une grossesse qu’elle soit désirée ou pas, l’annonce à une femme enceinte de la présence de problèmes graves du bébé qu’elle porte, des annonces de maladies incurables, des annonces de fin de vie, l’annonce d’une mort…

La façon dont est faite cette fameuse « annonce » va, sans qu’on en soit conscient, définir le sentiment qui va accompagner les évènements et les expériences de chacun au fil des jours, des semaines, des mois voire des années.

Il existe des annonces froides et distantes tandis que d’autres peuvent être douces et bienveillantes, il en est des plus ou moins respectueuses, il en est qui préservent et d’autres qui détruisent et isolent.

Ainsi, il peut arriver que l’annonce maintienne la personne dans un processus de déni, dans un état de choc, ou au contraire qu’elle l’accompagne dans l’acceptation d’une situation nouvelle.

En fonction de la façon dont tout cela est vécu suivront alors des sentiments tels que la colère, la solitude, le calme, la peur, la sérénité, la tristesse, l’acceptation,

Imaginez qu’on vous annonce une grossesse non désirée comme étant une très bonne nouvelle, ou qu’au contraire on vous fasse culpabiliser pour la énième grossesse que vous débutez alors que pour vous c’est le plus grand bonheur,

Imaginez que l’on vous annonce une interruption médicale de grossesse ou une mort fœtale in utéro comme étant une « bonne chose » étant donné que votre tout petit n’est pas encore un « vrai bébé », alors que pour vous il a déjà toute sa place dans votre vie de couple et de famille, car pour vous, il existe déjà,

Imaginez que l’on vous annonce une maladie incurable avec des termes que vous ne comprenez pas et que, tel un enfant, vous n’osiez pas poser de questions, 

une annonce en bienveillanceImaginez que vous soyez reconnaissant pour la vie que vous avez eue jusque-là et que vous soyez prêt à tirer votre révérence sans acharnement thérapeutique et que l’on vous fasse comprendre que la priorité est de vous soigner,

Autant de situations qui peuvent écrire l’histoire de chacun, pendant les jours, les semaines, ou les mois qui suivent et souvent jusqu’au dernier jour.

Il y a pas si longtemps que ça, j’ai pu rencontrer un interne qui confirmait à mon papa qu’il avait une tâche au niveau du cerveau. Ce futur médecin a pris le temps de répondre à nos interrogations tout en laissant le côté officiel de l’annonce aux neurologues quelques jours plus tard.

Ce n’était certes pas une bonne nouvelle car elle annonçait une fin plus ou moins proche, mais l’annonce a été la plus douce possible et n’a donc pas été vécue comme un choc pour mon père qui s’est voulu rassurant envers nous et qui nous a dit avoir profité de chacun des instants de sa vie. Sa réaction était pleine d’acceptation et d’amour envers sa vie et envers nous tous.

« Ce n’est pas nous qui faisons l’histoire. C’est l’histoire qui nous fait »   Martin Luther King


De part ma formation de doula et de thanadoula, en tant qu’accompagnante je sais à quel point il peut être important et nécessaire pour une personne de raconter la même histoire 1 fois, 10 fois , 100 fois ou parfois 1000 fois jusqu’à l’accepter, jusqu’à s’en « détacher » et jusqu’à ce qu’elle retrouve sa paix intérieure.

En fonction de comment l’annonce a été faite, il peut arriver que la personne ait besoin de temps pour comprendre ce qui  lui arrive et pour accepter.

Que ce soit pour une interruption médicale de grossesse, pour un deuil périnatal ou pour l’annonce d’une maladie incurable nous avons tous besoin de temps, et en tant que doula de fin de vie nous savons à quel point ce temps est vital pour l’équilibre de la personne qui vit cette situation.

Ce temps n’est jamais du temps perdu, il est précieux pour le développement de la personne qui a besoin de verbaliser un choc, une incompréhension et donc une possible souffrance.

Vous voulez faire un cadeau à quelqu’un ? Offrez lui un temps d’écoute sans jugements, sans lui couper la parole, sans parler de votre propre histoire et sans phrases maladroites comme « oui, tu m’en as déjà parlé mais tu ne vas pas revenir dessus à chaque fois »… ce cadeau n’aura pas de prix, soyez-en certains.

Vous n’êtes pas à l’aise ? il existe des professionnels qui sont forts dans ce domaine, mais ça, c’est pour un prochain post …

A bientôt,

Armelle

Peut-on ressentir que sa mort est proche ?

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thanadoula mort imminenteL’affirmation de Paulo Coelho pourrait être une généralité, et pourtant, il existe des exceptions qui permettent d’y apporter un petit bémol.

« Les hommes rêvent du retour plus que du départ » Paulo Coelho


…ou devrait-on dire « Certains hommes rêvent du retour plus que du départ, alors que d’autres rêvent du départ plus que du retour ».

En écrivant ces quelques mots je pense à une personne qui sentait son heure proche, et qui, peu avant une intervention chirurgicale lourde, a décidé de prendre le temps de dire au revoir à ceux et celles qui étaient prêts à accueillir ce témoignage d’amour. Les adieux étaient profonds et vrais car partagés alors même qu’elle avait le sentiment que « son heure » serait là, sur la table d’opération.

Et si ça avait son choix ? et si son corps lui avait effectivement donné la capacité de décider quand et comment il allait tirer sa révérence ? Certains diront que c’est impossible, d’autres vont sourire en considérant que l’on peut décider bien des choses et que tout ne s’explique pas.

En retour, il y a eu des injonctions, certes emplies d’amour et d’affection lui indiquant qu’il était attendu et qu’on ne voulait pas le savoir mort, mais il s’agissait quand même d’injonctions lui disant des « non, il ne faut pas dire ça », ou des « tu n’as pas le droit de penser ça, ça va bien se passer, tu ne vas pas mourir, tu ne peux pas mourir ».

Et si sa notion de « ça va bien se passer » allait à l’encontre de son désir de partir en douceur et sans souffrances ? Et s’il avait rêvé de ce départ là en le sentant comme une intuition qui lui avait murmuré à l’oreille que c’était son heure ?

Par amour c’est certain, par peur peut être, et vraisemblablement par un « égoïsme » innocent et presque enfantin on veut garder avec nous les gens qu’on aime, on veut pouvoir profiter encore un peu de leur présence et on prononce doucement des mots qui se veulent bienveillants mais qui au final bloquent.

En disant « non, tu n’as pas le droit de baisser les bras », « il faut tenir », « il faut t’accrocher », « mais non, tu vas voir, ce n’est pas ton dernier Nöel », « mais si ! tu vas guérir », « n’aies pas peur », nous parlons avant tout de nos envies sans pour autant autoriser nos proches à se connecter à leurs propres émotions et à leurs propres besoins.

Et si l’on autorisait nos proches à se connecter à ce qu’ils sont vraiment, ne serait-ce pas plus simple pour eux ? pour nous sûrement pas, mais notre préoccupation première n’est-elle pas autour de leur bien être et leur paix intérieure ?

« La mort est mal faite. Il faudrait que nos morts, à notre appel, reviennent, de temps en temps, causer un quart d’heure avec nous. Il y a tant de choses que nous ne leur avons pas dites quand ils étaient là!» Jules Renard


Et si le partage de leur ressenti concernant une mort imminente était l’occasion de leur ouvrir notre coeur et de leur dire ce que nous voulons leur dire là, tout de suite, maintenant, comme si c’était la toute dernière fois ?

Peut-être que les personnes qui acceptent la mort et qui osent « rêver [leur] départ » avancent plus sereinement jusqu’à leur dernier souffle en ayant « pris le temps de prendre le temps pour dire au revoir aux gens qu’ils aiment » leur offrant ainsi le plus beau des cadeaux, celui d’une dernière déclaration d’amour avant une mort paisible.

Au plaisir d’échanger avec vous à ce sujet si le coeur vous en dit, 

Armelle