
« Depuis plusieurs semaines …

Aujourd’hui j’ai eu envie de questionner une IA (intelligence artificielle) et je lui ai demandé de décrire le métier de thanadoula. Voici sa réponse :
« Le métier de thanadoula, encore peu connu, occupe une place précieuse dans le processus de deuil. Contraction des termes « thanatos » (la mort en grec) et « doula » (celle qui accompagne en grec ancien), la thanadoula offre un soutien émotionnel, pratique et spirituel aux personnes en fin de vie et à leurs proches. À la manière des doula de naissance, qui assistent les familles lors des naissances, les thanadoulas interviennent pour adoucir la transition vers la mort.
Lorsqu’une famille est confrontée à la perte imminente d’un être cher, le monde semble souvent basculer dans l’incompréhensible. C’est là que la thanadoula intervient, avec une présence empreinte de calme et de compassion. Elle écoute les histoires, les peurs, et les regrets. Grâce à elle, les moments d’adieu peuvent se transformer en instants de recueillement et de partage, offrant un espace pour exprimer l’amour, la gratitude et les au revoir.
Le rôle de la thanadoula ne s’arrête pas à la mort. Après le décès, elle continue de soutenir les proches, les aidant à traverser le labyrinthe émotionnel du deuil. Elle peut offrir des conseils pour gérer les démarches administratives, proposer des ressources de soutien psychologique ou simplement être présente, disponible pour une conversation ou un silence partagé. Cette présence continue est cruciale pour beaucoup de familles, qui se sentent souvent démunies face à la perte et aux changements qu’elle impose.
Le réconfort qu’apporte une thanadoula repose sur sa capacité à créer un espace sécurisé où chacun peut exprimer ses émotions sans crainte de jugement. En célébrant la vie du défunt et en honorant ses derniers moments, elle permet aux familles de trouver une forme de paix et d’acceptation. Son accompagnement, ancré dans l’empathie et l’écoute active, aide les proches à intégrer le deuil de manière saine et à trouver la force de continuer leur propre chemin.
En somme, le métier de thanadoula est une vocation dédiée à la dignité et à l’humanité dans les moments les plus vulnérables de la vie. Elle offre un réconfort indispensable, un phare dans la tempête du deuil, et rappelle que même dans la mort, il y a de la place pour l’amour, le respect et la connexion humaine. »
J’ai lu une fois, puis deux fois, puis trois fois cette présentation et je me suis dit qu’elle était cohérente avec mon métier et avec ce que je fais.
Toutefois, même si cette intelligence artificielle est en mesure de décrire le métier de thanadoula, elle ne me connait pas, elle ne connait pas non plus mes accompagnements et elle ne sait pas que je fais également des soins énergétiques quand les personnes me le demandent, car je suis née avec cette particularité.
Je vous partage donc cette description avec une petite photo de moi en prime car je ne suis pas une IA mais bien la personne réelle qui est à vos côtés :-)
Au plaisir d’échanger avec vous,
Armelle
Il est des départs que l’on ressent plus ou moins fortement et plus ou moins longtemps. Il en est d’autres qui, tel un séisme, ébranlent un équilibre qu’on croyait à toute épreuve.
J’ai ressenti cet état il y a peu, sans savoir qu’il serait là, presque par surprise, à croire qu’il m’attendait caché au premier tournant.
Ma belle-mère est décédée, puis mon père, puis, ce fut au tour de ma mère. En moins de 4 ans, quasiment année après année ils ont emprunté le même chemin pour aller dans la même direction. Globalement, je trouvais que ça allait, que leur départ était ok pour moi, car c’était la vie, ou plutôt un processus normal de vie vers la mort.
Puis, ce fut le moment de dire adieu à mon beau-père, il y a très peu de temps. Comme pour nos autres parents décédés avant lui, mon mari et moi avons eu la chance de pouvoir être à ses côtés jusqu’à son tout dernier souffle, de l’accompagner, de lui caresser la main, de lui chantonner de douces berceuses rassurantes, de l’apaiser quand cela était nécessaire, surtout la nuit. Nous avons eu la chance une nouvelle fois d’être présents et d’être témoins d’une fin la plus sereine possible, dans la paix, le tout entouré par ses proches, mais une fin quand même.
“Les parents sont des montagnes que l’on passe sa vie à essayer d’escalader, en ignorant qu’un jour c’est nous qui tiendront leur rôle.” Marc Levy
Mais voilà. Moins de 48 heures après son dernier souffle une étrange sensation est venue effleurer mon âme, celle d’avoir vu partir la totalité de la génération de nos aînés, celle de nos grands parents, puis celle de nos parents, faisant de nous les parents de nos enfants, et laissant de côté notre position d’enfants de nos parents.
C’est ainsi qu’en toute logique, le départ de nos quatre parents nous a placé en une fraction de seconde en tant que parents de nos propres enfants, tout en haut de la liste. En un laps de temps infime nous sommes devenus les seuls grands à même de veiller sur leur lignée.
« En fait, maintenant que ton père et ta mère sont morts, tu es orpheline … » Paola
Je me souviens encore de cet instant presque brutal, mais pourtant si spontané et si vrai, lorsque ce petit bout d’amour de 6 ans m’a dit en toute simplicité « en fait, maintenant que ton père et ta mère sont morts, tu es orpheline … ? ».
En tant qu’adultes on a souvent tendance à mettre des filtres et des pincettes partout, pour ne pas froisser les esprits, pour ne pas vexer les personnes, mais la vérité est bonne à entendre, même si elle déstabilise parfois. Et oui, elle avait raison, je n’avais plus mes propres parents.
J’étais orpheline, c’est vrai, mais comme je l’ai souvent dit, même si mes deux parents étaient décédés je n’ai pas souvenir d’avoir éprouvé un « vide sidéral » ou de m’être dit que ce serait insurmontable.
Quand on le fait par choix, le fait d’accompagner des personnes en fin de vie, et surtout quand ce sont nos proches, est un moment qui nous permet de remplir un vase invisible d’amour, d’émotions, de souvenirs, de regards et d’échanges vrais, c’est un peu comme si on prenait conscience que bientôt, il n’y aura plus d’eau et qu’on nous permet de faire des réserves avec des contenants adaptés pour ne plus jamais avoir soif.
J’avoue, ça aura été une étrange sensation que de prendre conscience que dorénavant, même jeunes, nous devenions les aînés de notre petite famille… mais d’avoir pu accompagner nos aînés m’aura surement permis d’avancer peu à peu vers cette nouvelle réalité, et de l’accepter pleinement.
Au plaisir d’échanger avec vous,
Armelle
Je suis partisane de la vérité et je ne vois pas de quel droit et pour quelle raison je pourrais décider de cacher volontairement quelque chose à quelqu’un, surtout s’il s’agit d’un évènement qui le concerne de près, à titre personnel ou à titre familial.
En tant qu’accompagnante, je suis consciente de tout ce qui peut se jouer lors de l’annonce, et en connaissance de cause je fais mon maximum pour permettre à chacun d’avancer à son rythme, en fonction de sa maturité, de ses capacités émotionnelles, physiques et intellectuelles.
En tout logique, à chaque fois je fais mon maximum pour adapter une information à un petit de 2 ans, à un enfant de 7, à un jeune de 17 ou à un adulte de 97 ans.
Pour faire ces annonces je me laisse inspirer par l’histoire de chacun, par ses sensibilités et par sa capacité à visualiser ce qui se prépare.
Pour annoncer à un jeune atteint de trisomie que son papa était gravement malade et qu’il devait faire plusieurs séjours à l’hôpital, j’ai mis en avant sa passion pour les voitures. Alors que nous étions tous les deux, je lui ai rappelé que peu de temps avant, son papa avait dû laisser leur voiture au garagiste pour qu’il puisse chercher le problème et pour la réparer. Ensuite, et une fois que j’ai eu sa validation, je lui ai expliqué que pour son papa c’était pareil, qu’il devait aller dans un hôpital, et qu’un hôpital c’était un peu comme le garage pour les voitures mais pour les personnes, je lui ai dit qu’à cet endroit beaucoup de docteurs allaient chercher ce qui n’allait pas dans le corps de son papa, et qu’ils allaient tous s’occuper de son papa. Pendant notre échange, je lui ai glissé en douceur que parfois, les mécaniciens trouvaient le problème de la voiture, et que parfois ils ne pouvaient plus réparer la voiture. Il savait que leur voiture ne pourrait plus être réparée, et j’ai pris cet exemple pour lui parler de son papa en lui disant que pour lui ce serait pareil, que les médecins allaient chercher pour voir s’ils pouvaient trouver une solution mais que ça pouvait être comme pour leur voiture. Sa maman m’en avait parlé car jusque là il avait refusé d’échanger autour de ce sujet. A la fin de notre échange il est resté en silence, comme pour intégrer l’information communiquée, je suis restée avec lui le temps nécessaire. Cette annonce se devait d’être la plus douce mais la plus vraie possible car il fallait qu’il puisse entendre que son papa avait une maladie très grave. Peu de temps après, son papa est décédé d’un cancer en phase finale.
“La non-violence, sous sa forme active, consiste en une bienveillance envers tout ce qui existe. C’est l’amour pur.” Gandhi
Je vous présente maintenant un exemple utilisé pour mes propres enfants :
Certains peuvent trouver ce type d’annonces puériles ou « enjolivées » mais elles laissent le temps au corps d’entendre, d’écouter et d’assimiler une nouvelle qui de toute évidence est dure à entendre.
« Grand père est très malade, il va mourir » : Bien que vraie, ce type d’annonce peut être brutale et mettre la personne à qui on apprend la nouvelle dans un état de « sidération« , mécanisme involontaire dont la définition médicale est « Anéantissement soudain des fonctions vitales, avec état de mort apparente, sous l’effet d’un violent choc émotionnel. »
Je suis partisane des annonces vraies mais en douceur et avec de la bienveillance sans pour autant être adepte des métaphores qui cachent la vérité car celles-ci ne permettent pas aux enfants ou aux adultes de s’approprier d’une vérité qu’il faut intégrer pour pouvoir commencer son deuil.
Dire à un enfant que « tonton est monté au ciel » vous expose au risque de la question « par où il est monté ? »
Annoncer à un enfant que « mamie Paulette est partie » au lieu de lui annoncer que mamie est décédée crée un doute auprès de l’enfant qui s’interroge sur ce qu’il a fait ou qu’il n’a pas fait qui justifie qu’elle soit partie sans lui dire aurevoir. Certains enfants vont verbaliser cette interrogation, d’autres vont souffrir en silence.
Prenez soin de vous et des vôtres,
Armelle